Le regard dans le vide. Si jeune, si frêle, encore. Douce rêveuse, qui cherche son prince charmant. Tu la trouver. Lui. Et sa tignasse ébouriffée. Ses yeux clairs et perçants qui se pose immédiatement sur toi. Ce n'est pas le genre de garçon sur lequel tu t'attardes, en principe. Tu es jeune. T'es pas dans l'optique d'être avec un garçon. Parce que t'es trop timide, trop réservée et sûrement pas prête pour tomber amoureuse. Et pourtant, ça se voyait comme un nez au milieu de la figure. Leo. Ce nom qui t'arrache le myocarde. Un badboy pure et dure qui te donnait du fil à retordre. Mais tu as réussi. Avec le temps. De le changer. Pour qu'il devienne quelqu'un de meilleur. De mieux. Pour avoir une chance – quelconque – d'être avec toi. Il t'énervait, du haut de tes un mètres soixante. De nombreuses fois, aussi, t'as eu envie de claquer sa gueule d'ange. Tu prenais sur toi. Et tu n'hésitais pas à le remettre à sa place. Souvent, tu le prenais de haut. Parce qu'il avait un peu trop le melon, Leo. Trois ans. C'est le nombre d'années que votre histoire a duré. C'était beau. C'était fort, aussi. Et puis l'approche de l'université. Le beau discours de ta mère qui n'acceptait pas l'idée que sa petite dernière entre à la fac avec un petit copain. Sachant pertinemment que ça ne collerait pas avec l'ambiance universitaire. Et puis t'as pris cette décision. Qui t'as arraché le cœur, c'est clair. Tu l'aimais si fort. Tu regrettes, par moment. Quand t'y repenses. « Leo. J'ai.. j'ai quelque chose à te dire. » Il a relevé ses yeux sur toi. Sans se douter de ce que tu allais bien pouvoir lui pondre. « Dans quelques semaines, j'entre à l'université. Et, c'est une nouvelle expérience que je souhaiterais vivre à fond. Sans .. » Toi. C'est ce que tu aurais dit, mais t'as été incapable de le sortir. Parce que ce n'était pas vraiment ce que tu voulais. Au fond. La peur de t'engager encore plus longtemps. Parce que tu savais, qu'un jour, tu allais devoir lui donner ce qu'il attendait déjà depuis plus de trois ans. Ta virginité. Tu n'étais pas prête. Et l'excuse de l'université, de vouloir profiter, elle passait beaucoup mieux. Tu avais – tout de même – besoin de changement. De t'évader. De t'amuser et de profiter de la vie. C'est une raison, aussi, qui faisait partie de cette rupture. Tu as touché son ego, ce jour-là. Et il a essayé de te faire mal, Leo. Parce qu'il était blessé, toucher dans son orgueil. Tu ne pouvais pas lui en vouloir de réagir de cette façon. T'aurais – sans doute – fait pareil. Ça fait cinq ans, maintenant, que tu n'as pas revu Castello.

Assis sur ton lit, le regard perché sur ta planche à dessiner. Des écouteurs sur tes oreilles et la douce mélodie d'opéra de Pavarotti, parce qu'on n'oublie pas ses racines. Jamais. Un écho qui résonne. Qui te sort rapidement de tes pensées. Giulia et son grand regard qui se pose sur toi. Accolé contre l'encadrement de la porte de ta chambre. Bras croisés contre sa poitrine. Tu retires une oreillette. « Tu m'as parlé ? » Tu poses la question, parce que tu n'es pas certaine d'avoir entendu quoi que ce soit. Obnubilé par le chant fantastique de Luciano. Tu te redresses, déposant ta planche sur ton lit. Tes prunelles qui croisent à nouveau celles de ta mère. « Tout va bien ? » Qu'elle te demande, d'un air inquisiteur. Tu ne sais pas ce qui lui passe dans la tête, en ce moment, mais elle s'interroge sur ce que tu vis. Tu as changé. Tu as grandi, aussi. Et elle la remarquer Mme. Matteucci. « Oui. Pourquoi ça n'irait pas ? » Que tu réponds, fronçant doucement les sourcils. Elle s'approche, d'un pas déterminé à vouloir te sortir les vers du nez. T'es pas trop rassurée, parce que ta mère est très persuasive lorsqu'il faut. « L'université nous a contactés, hier. Tu aurais séché les cours toute la journée. Il paraît que tu délaisses tes cours. » Qu'elle souffle, s'asseyant sur le bout de ton lit. Une main réconfortante qui vient se poser sur ton genou. Tu baisses les yeux automatiquement. Tu ne t'attendais pas à ça, mais il fallait tout de même s'y attendre, pas vrai ? Tu soupires. « J'suis pu certaine de vouloir devenir médecin, maman. » Tu te confies. Tu lui avoues, parce que t'as ça sur le cœur depuis trop longtemps. Seulement, tu n'as pas eu la réaction escompté. « Je.. Milena.. Tu ne veux pas décevoir ton père, pas vrai ? S'il apprend que tu sèches souvent les cours, que tu ramènes des notes catastrophique, toi-même, tu sais la crise qu'il fera. Tu ne voudrais pas que ça se passe ainsi, non ? » Tu es prise au piège. Ton père. Ton père et ses traditions. Maire de Positano. Comment peux-tu refuser quoi que ce soit pour le rendre fier, ton père ? Tu ne pourrais pas le décevoir. Ce n'est pas dans tes convictions. « Je sais, maman. Je … Je vais me reprendre. Je suis désolé. » Parce que c'est comme ça que sa doit se passer, non ? Elle se lève du lit. Tourne les talons. Se tournant vers toi une dernière fois. « Le dîner est prêt, chérie. » Elle ajoute, avant de refermer la porte derrière elle. Toute ta vie est tracée. Ton destin est de finir comme ton père. Au-dessus. Envers et contre tous. Parce qu'il n'y a rien de meilleur que la réussite.