put me out of my misery (matteucci + del rossi)

Chez les Matteucci, les dimanches étaient synonymes de repas familial. Tous les dimanches de toute l'année, sans exception. Cela pouvait paraître ridicule, aux yeux de certains. Mais les parents d'Alizea, tout comme leur grand-mère semblaient encore très attachés aux traditions. Autant le dire, pour Alizea, ces dimanches avaient souvent rimé avec le mot horreur, désespoir, dégoût. Ce qui n'était pas étonnant. Toujours pas. En vingt-sept ans, elle en avait eu des repas de famille. Il n'y en a pas un seul qu'elle a aimé. En tout cas, elle ne se souvient pas d'en avoir aimé un seul. Ces dernières années, n'habitant plus chez ses parents, Ali s'est permise de louper quelques fois les fameux repas familiaux. Oh, mais c'était sans compter les nouveaux reproches que l'on pouvait lui faire. En plus d'être soi-disant toujours de mauvaise humeur, désagréable, jamais contente : Alizea se permettait de louper quelques repas. Quelle horreur ! Cette semaine cependant, elle devait bien se rendre à l'évidence, elle n'avait pas trouvé d'assez bonne excuse pour y échapper. En plus de cela, sa mère l'avait appelée, à plusieurs reprises, lui laissant des messages sur son répondeur (forcément, elle n'est pas folle Ali, elle n'avait pas répondu !) afin de lui demander, entre autre, de les honorer de sa présence. A l'écoute de ses messages, elle a beaucoup râlé Alizea. Oh oui, beaucoup. Mais bon, elle s'était résolue à l'idée de trouver une excuse. De toute façon, elle en avait vu d'autres. C'est ainsi que vers treize heures (quoi, elle était en retard ? Non, c'était bien prévu, au contraire), en ce dimanche midi, elle débarqua chez ses parents. Elle franchit la porte d'entrée -qu'elle n'avait pas franchit depuis un petit moment, d'ailleurs- puis déposa son sac, rapidement avant de déposer sa veste sur le porte-manteau. Elle entendait déjà les voix de sa famille, en reconnaissait certaines très distinctement. Elle souffla un bon coup, avant de faire son entrée dans le salon. Elle jeta un coup d'oeil rapide. « Génial, tout le monde est là... » lança-t-elle dans un murmure. Et lorsqu'elle disait tout le monde, elle parlait vraiment de tout le monde. Même Lorenzo, leur cousin, et Alvaro étaient là, c'était dire. Elle s'approcha discrètement de son frère. « Tiens, t'es de retour, toi ? Tu étais sûr de vouloir revenir ici ? Je veux dire, pour subir encore un de ces repas... » lança-t-elle d'un ton assez sarcastique. Elle n'était pas si surprise que cela de voir son frère. Maintenant qu'il avait terminé ses études, Alizea savait qu'il reviendrait dans le coin un jour ou l'autre. Néanmoins, elle ne savait pas qu'il était déjà de retour en ville. Bon, d'un côté, elle était contente qu'il soit là. Après tout, ses parents se focaliseraient peut-être sur lui, aujourd'hui puisque cela faisait un moment qu'Alvaro n'avait pas pu être présent. « Du coup, c'est pour ça que maman m'a appelée toute la semaine, à me supplier de venir ? On fête ton retour ? » lança-t-elle d'un air amusé. Pauvre Alvaro, il n'était pas au bout de ses peines.