Tu parcours les sentiers. Paire de basket aux pieds. Tu marches, sans vraiment t'arrêter. Tu dois rejoindre des amis. Pas tes plus proches amis, non. Juste des copines. De beuverie. Tu fais la fête depuis plus de quatre ans. Tu profites pleinement de la vie, depuis ta rupture avec Leo. Tu ne regrettes pas ton choix, même si tu l'aimais de tout ton cœur. Tu lui a sans doute brisé le sien, mais peu importe. C'est du passé et tu ne peux – malheureusement – pas revenir en arrière. Alors tu profites. Tu t'amuses. Tu flirt, mais sans jamais aller trop loin. Parce que tu sais que tu n'en est pas capable. Tu n'es pas prête pour ça. Ce soir, tu sors. Tu comptes bien boire une ou deux bières. Sans plus. Parce que tu sais qu'au-delà, tu deviens une vraie pipelette. Tu commencerais à avoir la tête qui tourne et les jambes qui tremblent. Tu veux éviter de te ridiculiser. Tu viens surtout pour danser. Tu te pointes dans cette boite de nuit. La plus réputée de Positano. Et la soirée bat son plein. Tu danses. Tu te fais doucement draguer, mais tu les évites. Tu tournes les talons lorsqu'on t'approche un peu trop. Parce que tu n'es pas là pour ça. Au milieu de la soirée, ton regard croise le sien. Ugo. Si tu t'attendais à le voir ici. Pas du tout. Tu tournes les yeux. Tu n'as pas vraiment envie de lui parler et t'as pas spécialement envie d'être gentille avec lui, non plus. Au vu de la dernière remarque désobligeante qu'il a eu à ton égard, pour se "protéger" auprès de sa petite copine. Tu décides de ne pas le rejoindre, tu préfères t'éloigner. En passant derrière lui. Parce que t'aime bien provoquer un peu, aussi. « T'as donc pas emmené ta petite copine ? » Tu souffles à son oreille. « Ah pardon, elle est sûrement trop intéressante, trop mature et trop jolie pour fréquenter ce genre d'endroit, hein. » Tu ajoutes, balançant simplement. Le pointant du regard. Parce qu'il y a des mots qui blesse. Comme lui, il a été blessant. Tu tournes les talons, après ça. Reprenant ta place sur la banquette que vous aviez réservés, avec tes copines, quelques heures avant.

@Ugo Maserati

l'gamin il s'laisse emporter par les basses qui résonnent à travers ses pores. perdu au milieu d'la foule, verre à la main. retrouver là par hasard. embrigader dans un bourbon qui n'était pas d'son invention. les collègues. p'tit complot pour l'amener dans ses lieux. avant il aimait bien l'gamin. maintenant la jeunesse avait pollué les boîtes de nuit, il ne s'y retrouvait plus, préférant désormais les soirées à la maison. mais c'soir c'était l'exception. il avait eu envie d'profiter l'môme. il s'mêle au groupe, rigole, boit. l'alcool caresse sa trachée d'une brûlure agréable. se délectant de l'euphorie d'la foule. y'a quelques filles qui lui sourient. sourire rendu. mais pas d'avances. pas d'rapprochement. l'mec il était casé. et l'mec il était fidèle - enfin...-. ça l'faisait rire que ces filles-là s'intéressent à lui. une jeunesse perdue mais une évidence qu'il aurait profité comme ces mecs qui s'pavanent dans la boîte tels des coqs. presque ridicule mais les effluves d'alcool rendaient la chose intéressante et presque attirante. puis d'un coup, y'a son regard qui s'pose sur celui d'une femme. il la connait. que trop bien. milena. il n'pensait pas la voir ici, l'gamin. il soupire. il repense déjà à c'qu'il lui a dit. aux mots violents qu'il a balancé pour s'convaincre lui-même qu'il n'avait aucun intérêt envers c'te fille. un cache-cache douloureux. il savait qu'il l'avait blessé. son regard était clair. et lorsque son corps s'trouve derrière l'sien, il sait que ce n'sera pas pour des politesses. elle l'provoque. réutilisant les mêmes mots que la dernière fois. c'est bas. mais ça marche. y'a la machoire qui s'crispe. il n'aime pas ne pas avoir l'contrôle ugo. et l'idée même que la jeune femme le déteste ça l'énerve encore plus. il ne peut s'en prendre qu'à soi-même. il veut répondre quelque chose. mais elle est trop rapide. elle est partie. il la cherche. il la voit. il s'en fout d'sa soirée, maintenant, il veut juste lui parler. s'expliquer. le reste ça lui importe peu. il s'rapproche. s'installe. face à elle. — milena. tu sais très bien que je ne le pensais pas. un aveu. trop faible pour la convaincre. mais il tente. — qu'est-ce que tu aurais voulu entendre ? si je n'avais pas été dans son sens la situation aurait dégénérée. avec pia. avec la fameuse copine. le timbre dure. il était sérieux l'gamin.

C'est un connard. Tu n'as pas d'autres mots. Il te fait penser à Leo. Presque. Leo, il était arrogant, un peu macho et égoïste. Un vrai con. Que ce soit en général ou avec les nanas. Et tu as su le rendre meilleur. Aujourd'hui, tu ne sais pas vraiment s'il est toujours l'homme bien que tu as laissé derrière toi, pour l'université. Ugo, il est difficile à cerné. Un soir, il t'aime bien. Un autre, il se fout de toi complétement. Et cette fois-ci, c'est trop. Parce que t'as la rancune tenace et il est hors de question que tu pardonnes son comportement. Tu n'aimes pas ça. T'aimes pas cette image qu'il dégage lorsqu'il est avec cette fille. T'as l'impression qu'elle le rend stupide, un peu plus qu'il ne l'est déjà. Alors, lorsque tu le vois dans la boite, tu ne peux pas t'empêcher de le tacler. Une façon de lui faire comprendre que tu as été blessée. Tu l'aimes beaucoup, Ugo. Si tu l'as embrassée, ce n'est pas pour rien. C'est certain. Tu ne fais pas ça facilement, en principe. T'es une fille qui se respecte et qui ne va jamais plus loin que de la drague. Tant que rien n'est sérieux, en tout cas. Après l'avoir gentiment recadré, tu t'éloignes. T'oublies complétement le passage aux toilettes et tu vas t'asseoir sur ta banquette. Au fond, t'as la rage au ventre. T'as les nerfs qui te prennent et ce n'est pas bon. Tu restes à l'écart, parce que ça vaut mieux. Ugo, il réveille des choses en toi que tu ne soupçonnais même pas. Il te rejoint et tu tournes la tête, pour ne pas le regarder. T'as pas envie. Tu le snob comme tu peux. Et il commence à parler. Mais t'y crois à demi-mot. « La situation aurait dégénéré !? Quoi ? T'as eu peur qu'elle découvre c'que tu fabriques dans son dos ? » Que tu lances machinalement, sans peser tes mots. Et encore, tu restes calme. Parce que t'as une image à garder et hors de question de t'afficher dans un lieu public. Et puis ça risquerait de remonter aux oreilles de sa fidanzata. « T'aurais pas dû dire ça, Ugo ! » Tu ajoutes, ton regard qui se plante dans le sien. Facilement. La peine qui te prend, un peu. Tes mains qui tremblent doucement. « C'était maladroit.. Et … et dégueulasse. » Tu souffles, roulant des yeux. Tu regardes autre chose. Autre chose que lui. Parce que tu sais… Que tu craquerais trop facilement.

il savait même pas c'qu'il fichait là. s'il s'amusait réellement ou s'il s'faisait chier. sans doute un peu des deux. il ne serait pas resté si tard. l'alcool, ça f'sait longtemps qu'ça coulait dans ses veines. mais longtemps que l'effet il était dissipé. et pourtant il était resté. parce qu'il regardait. qu'il posait ses pupilles n'importe où, analysant chaque personne. chaque geste. chaque écart. chaque malaise. chaque danse. malaisant et plaisant. puis on s'intéressait à lui. ça l'amusait. l'gamin il avait plus vingt ans. mais c'était comme si. jeunesse volée, il y avait toujours cette petite part au fond d'lui qui lui criait d'aller s'amuser. de tout foutre en l'air et d'kiffer. mais il ne l'ferait pas. c'était pas lui. ça f'rait du mal. et ugo il aimait pas ça. alors il s'tenait. il s'tenait bien jusqu'à c'qu'elle soit là. qu'il la remarque. qu'elle le remarque. qu'elle lui crache son pic. et qu'ses pensées soient toutes à elle. ça f'sait quelques temps déjà. qu'il la regardait. qu'il rigolait avec. qu'ils s'rapprochaient. comme ça. comme si ça d'vait s'passer. parce que y'a un truc. un feeling agréable. une complicité déroutante. y'a quelque chose de beau. il le sait. mais ugo, il a une copine déjà. et c'est pas milena. qu'ugo il a une soeur. et que c'est la copine de sa soeur. ça l'fout dans la merde presque. il sait pas trop comment faire. tirailler entre l'envie d'se lancer, d'se laisser aller et d'se retenir. à la fois entrain d'se dire qu'il peut et qu'il peut pas. et la môme, elle ne lui facilite pas la tâche. à toujours être fourré à la maison d'sa soeur. là où il est toujours pour voir le p'tiot. il voudrait s'échapper d'cette situation compliqué, qu'il ne contrôle pas. mais pas facile quand y'a les sentiments qui s'en mêlent. elle lui reproche des choses. elle a raison. il est lâche dans tout ça. mais ça l'gave qu'elle lui dise tout ça. — c'est bon t'as fini ? la question n'est pas vraiment une question. il sait qu'ça va l'énerver mais il s'en fiche. — tu veux qu'j'fasse quoi milena ? j'vais pas t'dire qu'il n'y a rien entre nous car c'est pas vrai, on l'sait tous les deux. mais j'peux pas permettre de la quitter maintenant. j'suis perdu. il faisait référence à c'bébé perdu. celui qu'ils devaient avoir mais qu'ils n'ont pas eu. une grossesse râtée. une fausse couche. c'qui avait tout cassé. il était attaché à sa copine ugo. mais plus comme avant. ça avait changé. l'amour n'y était plus. il le savait. mais il voulait pas s'lancer dans quelque chose de pas sûre. or milena était jeune, ugo plus vieux. avec des envies d'familles. avec des envies d'se poser clairement. elle lui plaisait il le savait mais il voulait pas faire d'conneries. — mais oui tu as raison, je n'aurais du dire ça, je suis désolée. c'était un homme fier ugo mais pas d'mauvaises fois. il avait eu tord. et il d'vait clairement prendre des décisions rapidement.