ce soir, l'âme d'enfant de pia ressurgit. elle se rappelle de ces soirées partagées avec sa mère et ses frères et sœurs. ces couleurs qui explosent dans le ciel et mettent des étoiles dans les yeux de pia gamine. ce soir, elle veut revivre ce moment. elle s'asseoit sur le sable, les pieds nus qui se cachent sous le sable. nino est à côté d'elle et s'amuse avec son seau et sa pelle. elle lui a mis une veste pour qu'il n'est pas froid mais, a oublié la sienne malgré le petit vent présent. elle s'en fiche, peu importe tant que nino n'est pas froid. elle partagera ce moment avec lui. premier feu d'artifice. et elle espère qu'il ressentira la même chose qu'elle a son âge. et au pire, elle est prête à rentrer si jamais ça l'effraie. nino, c'est sa priorité. elle le couvre de baisers pendant qu'il se débat. maman arrête, je joue. il grandit son bébé et fera bientôt sa première rentrée scolaire. elle le contemple. aujourd'hui, c'est lui qui lui met des étoiles dans les yeux. pia frissonne au lever du vent et attends patiemment le lancement du feu d'artifice.

c'était une tradition, le feu d'artifice. en famille, avec des amis ou seul, ares le manquait jamais. ce soir là, il était seul. enfin, pour l'instant. il avait fait exprès de s'installer un peu à l'écart, son éternelle clope au bec. il entendait déjà les membres de sa famille rugir de sa consommation de cigarettes. mais il savait pas pourquoi il fumait. une rébellion d'adolescence qui était restée, sûrement, jamais réprimée, presque encouragée par les camarades de classe. il attendait patiemment que les premières gerbes colorées montent dans le ciel. après la parade puis le buffet, il était content de se poser enfin dans le calme. il n'avait pas bossé aujourd'hui, c'était jour de fête, alors les touristes savaient se débrouiller seul. alors il avait pu dormir un peu ce matin, avait eu la joie de sortir de sa chambre en sous vêtements pour engueuler un de ses colocs qui faisaient trop de bruit. ares eteignit sa cigarette, se leva pour aller la jeter dans une poubelle. il avait horreur des personnes qui laissaient des déchets sur la plage alors il allait pas commencer maintenant. une fois que le mégot fut jetée, il revint sur son spot. il voit qu'il est pris, par une demoiselle ayant apparemment la même envie d'isolement que lui. alors il s'assoit à côté, pas juste à côté, à quelques pas. il paraît qu'il va être beau le feu d'artifice cette année. il sourit en tournant la tête vers la jeune femme. il a toujours eu la parole facile, toujours été bavard. c'est peut être pas le cas de la demoiselle à côté de lui mais au moins, il aura essayé. il n'avait que des intentions honorables de toute façon.

Retour aux sources. Il n'était parti que quelques mois pourtant. Rejoignant un autre pays, une autre langue, de quoi se retourner la tête pour l'oublier et passer à autre chose après qu'elle l'ait larguée sans énoncer la moindre raison. Ca l'avait longuement torturé de ne pas savoir, de ne pas comprendre, le laissant renouer avec l'alcool, les fêtes à n'en plus finir, et le monde qui continuait lamentablement sa course effrénée. Partir, ça lui avait semblé être la seule solution. S'éloigner pour ne plus avoir son doux visage sous le nez un peu trop facilement dans cette ville qui l'avait vu naître. Découvrir d'autres femmes, les toucher, les caresser et se laisser porter par l'amertume. Se découvrir une autre attirance qu'il n'avait fait qu'esquisser jusqu'à présent. Jamais réellement ébaucher. Les hommes, il n'aurait pas cru. Et il n'était pas certain que sa mère ou ses grands-parents approuveraient. Et puis il était revenu, renouant avec cette terre qui était sienne et dont il avait emporté le parfum jusqu'à l'étranger dans chaque mot venant rouler avec chaleur sur sa langue. Celui où il n'avait jamais manqué le moindre feu d'artifice, et où sa mère avait été plus qu'heureuse de le voir revenir finalement, changer d'avis pour mieux s'égarer dans une vie qui était sienne. Positano, il l'avait dans le sang, certain de tout savoir sur ses origines, sans se douter un seul instant qu'une adoption se dissimulait derrière cette apparente famille à laquelle il tenait réellement. Celle rafistolée par le destin d'un remariage qui s'était déroulé après sa majorité qui avait sonnée lors de ses dix-huit ans. Il avançait parmi la foule qui commençait à se former, un tee-shirt sur le dos, un verre à la main, le regard se tournant autour de lui à la recherche de visages familiers qu'il pourrait rejoindre pour finir la soirée auprès d'eux.

tu l'as attendu, ce moment. t'as compté les jours comme une gamine qui attend Noël. pourtant t'as 24 ans, mais même à cet âge là, tu continues de rêver. le feu d'artifice. cet évènement, cette magnifique activité qui t'émerveilles à chaque fois. t'as les yeux qui s'arrondissent, les pupilles étoilées. ouais Prisca, tu pourrais faire rire quand on te voit. t'as pas vraiment grandi. t'as toujours cette âme de gosse. celle qui peut rapidement être vulnérable et naïve. surtout quand on sait avec qui tu traines. Leo Castello. où l'homme qui ne te laisse jamais tranquille. tous les deux, vous vous connaissez depuis plusieurs années. celles du collège-lycée. les meilleures. au début tu le trouvais con. prétentieux et cérébralement diminué. mais à force, tu n'peux plus te passer de lui. bien entendu, il n'est pas au courant. quelle honte. « bon ok, tu m'as bouffé tout mon beignet chocolat, t'as l'intention de m'en reprendre un autre, pas vrai ? » que tu balances, la voix déraillant un peu. t'en avais tellement envie de se beignet...mais rien ne bouge. aucune réaction de Leo. alors tu lui sautes dessus. ou plus précisément, sur le dos.  « ok j'ai compris, t'es vraiment un naze toi ! » toute manière le feu d'artifice ne va pas tarder à commencer, à quoi bon y aller.

@leo castello