Il y a quelques jours de cela, j'avais appris par un ami, qu'en réalité, l'homme chargé de ma sécurité depuis quelques temps déjà n'était pas le premier choix de mon agent Si apprendre cela ne m'avait pas plus perturbée que ça, c'est en entendant le nom de mon meilleur ami que mon attention fut retenue. Quoi ? Comment ça Gabriele avait été recruté pour s'occuper de ma sécurité et avait refusé la proposition dans la foulée ?! Qu'est-ce que c'était que cette histoire. Qu'avais-je bien pu faire pour que mon meilleur ami refuse d'assurer ma sécurité ? Il fallait absolument que je lui pose la question et non, cela ne pouvait pas attendre le lendemain. Voilà donc comment et pourquoi je m'étais pointée à 23h chez Gabriele, un soir d'été, sans même le prévenir auparavant et sans prendre la peine d'avertir cet homme qui était censé me suivre partout dans mes déplacements.

Arrivée à destination, j'étais directement allée sonner chez Gab', sans même me préoccuper de savoir s'il était seul ou pas et tout en patientant tranquillement devant la porte, que celui-ci vienne m'ouvrir, j'avais sorti mon téléphone de ma poche pour surfer sur internet, tout en réfléchissant à ce que j'allais dire à mon meilleur ami, une fois face à lui. Si ça se trouve, il avait une bonne excuse... oui c'est ça, il avait sans doute une bonne excuse à me donner concernant son refus d'assurer ma sécurité, mais laquelle ? Il fallait que je le sache, c'était une question de vie ou de mort... oui bon d'accord j'exagère, mais disons qu'apprendre une telle chose et ne pas avoir d'explications en retour, me faisait me poser des questions et je déteste avoir des questions qui tournent sans cesse dans ma tête, sans qu'aucune d'elles ne trouvent de réponses.

« Gab' ! Je sais que tu es là ! Ouvre, c'est moi Kiara ! »

Ai-je fini par dire après plusieurs minutes sans réponses de sa part, afin qu'il sache qui venait sonner chez lui à cette heure-là.

Gab' avait quitté les locaux de l'agence sur le tard. Ouais, comme les trois quart du temps. Il avait enfin fini de rédiger les compte-rendus des dernières opérations, le seul avantage à voir le rythme des opérations de terrain réduit pendant le congés - c'était au moins de pouvoir se débarrasser rapidement de la partie paperasse. Affaires de sport toujours sous le coude, Gab' en avait profité pour manger sur le pouce en sortant des bureaux, avant de rejoindre la salle dans laquelle il avait ses habitudes. Au programme : une bonne session de jab, crochet et uppercut. Des enchaînements fluides et rapides ; le sac de sable tentant tant bien que mal de résister à ses assauts. Gabriele maîtrisait depuis le temps qu'il pratiquait, sans compter que ça lui avait déjà servi plus d'une fois lors d'opération de sécu.

Gab' n'avait retrouvé son appartement que sur les coups de 22 heures, histoire de perdre cinq minutes sous la douche avant d'aller se coucher. La sonnette de l'entrée retentit une heure après. Le radio-réveil indiquait qu'il était plus de 23 heures. Sans déconner, qui venait l'emmerder à cette heure-ci ? Le boulot l'appelait toujours sur son cellulaire en cas d'urgence. En caleçon, il sortit du lit et récupéra en coup de vent la robe de chambre posée sur la chaise à côté du plumard.

« Gab' ! Je sais que tu es là ! Ouvre, c'est moi Kiara ! »

Il ouvrit la porte à la volée, sourcils froncés en découvrant Kiara sur le palier.

« Kiara» lança t-il à moitié alarmé, « Qu'est-ce tu fais là ? Tu sais l'heure qu'il est ? » Ouais, pas qu'il croisait ses voisins tous les trois quatre matins mais la sonnette intempestive à cette heure, c'était pas une habitude dans l'immeuble. « Mais entre... T'es toute seule ? » lâcha t-il avec une pointe de reproche dans la voix. Un regard vers les deux extrémités du couloir lui confirma que son collègue, normalement chargé de sa surveillance H24, n'était pas présent dans les parages. Et c'était pas vraiment dans les façons de faire de la boîte.